Etape 16: Saint Flour - Valuejols
- Christian
- 14 juin 2022
- 4 min de lecture
Réveil ce matin tôt pour démarrer à la fraiche. J’ouvre les rideaux et je découvre un temps maussade, couvert et presque menaçant. Serait-ce je premier jour de l’ami Poncho ? Pas sûr, j’ai connu des temps couverts qui le sont restés toute la journée sans pluie pour autant. C’est ce qui va m’arriver d’ailleurs. Avec une variante, le beau soleil bien chaud en fin de parcours.
Je me prépare rapidement pour ne pas retarder le départ, j’enturbanne mes orteils et ferme mon paquetage. Je ferme la chambre et descends pour déposer la clé de ma chambre. Personne en bas à cette heure. Je pars sans petit déjeuner. Je n’ai toujours pas acheté de sachets de café en poudre, donc pas de café ce matin ! Tant pis, je trouverais bien un troquet sur le chemin.
Je décolle donc de Saint Flour en ayant pris soin de prendre des provisions d’eau on ne sait jamais, la météo annonçait une canicule cette semaine.
Le chemin est très forestier en ce début d’étape. Des sous-bois, des sentiers de terre visiblement empruntés par des chevaux. D’ailleurs je croise une succession d’enclos où paissent paisiblement plusieurs couples de chevaux. C’est extrêmement bucolique. Un plein de zénitude avant d’affronter les difficultés de la journée. Je dois remonter sur un plateau après être descendus des monts de la Margeride hier.
Somme toute , le chemin n’est pas si difficile, mes orteils ne me font pas souffrir et je commence donc à m’intéresser aux différents muscles que je sollicite, et qui bien sûr, se rappellent à mon bon souvenir…Le fessier droit par exemple, je ne pensais plus trop à lui en ce moment et bien lui il a su me faire comprendre que pousser sur les jambes c’est encore mieux des deux côtés. Et avec les bâtons qui plus est… Je m’en rendrais compte ce soir, surement quelques crampes à prévoir !
En même temps, c’est le signe que la machine se met en marche et commence à s’adapter au rythme du chemin. Ça me soulage car j’avais encore il y 2 jours de lourdes appréhensions. J’oublie qu’il faut bien 2 semaines avant que le corps ne soit prêt à accepter ce type d’endurance. Encore quelques jours et on y sera. Je pense qu’une fois arrivé à Rocamadour, je serais fin prêt pour la suite du parcours.
Je poursuis donc ma trace du jour sur des sentiers à peine fréquentés, avec des herbes hautes et bientôt des pieds un peu humides. Je fais la connaissance de deux ânes bien sages dans leur enclos au bord de la route. Ils me regardent passer sans le moindre mouvement. C’est vrai que pour la conversation, on est limités tous les trois. Je continue donc en me faisant la réflexion que finalement je croise plus d’animaux que de pèlerins sur ce chemin. Ca se voit que je suis sur un GR et pas encore sur le chemin de Compostelle. Je dois le rejoindre à Thiézac, juste avant Aurillac, donc après-demain.
J’arrive à un petit village après une montée bien raide où je prends le temps de souffler et de reprendre mon souffle. Un bon coup d’eau avant de repartir car même si le temps est couvert, la sueur ne me rend pas moins assoiffé. J’avale en eau tout ce que je perds en sueur… Je ne regrette pas d’avoir pris tout ma réserve possible d’eau. A partir de là, je décide de ne pas écouter Carlita et de bifurquer pour me rendre au village de Roffiac car c’est le seul pas trop loin où je vais pouvoir prendre un petit déjeuner. Je sais que je vais devoir faire un peu de départementale mais bon, un petit café vaut bien quelques désagréments de marche… La serveuse m’explique que je vais devoir monter sur les plateaux pour atteindre Valuejols qu’elle connait bien puisqu’elle y habite. Elle m’indique où se trouve le refuge communal où je dois dormir ce soir.
Redécollage après un bon petit déjeuner. Puis, comme indiqué par la serveuse, après une longue, longue montée mais pas trop ardue, j’abouti sur un plateau avec une superbe vue à 360 ° sur les monts du Cantal devant et la Margeride derrière. C’est vraiment magnifique, cette impression d’espace et de plénitude. Je m’arrête pour faire une autre pause. Petite pomme, grande rasade d’eau et je repars pour la dernière partie du trajet et une longue déambulation sur ce plateau gigantesque, avant l’arrivée à Valuejols par un dernier raidillon… évidemment ! Ils construisent tous sur les hauteurs par ici, c’est surprenant parce que c’est tout de même bien exposé et battu par tous les vents…
Je me rends rapidement à la supérette du village, bio bien sûr, et fais mes emplettes pour ce midi, ce soir et demain midi. J’ai de la chance, je suis arrivé juste au moment où la marchande fermait sa boutique. Elle m’a aperçu et s’est empressée de me rouvrir. Ouf… je vais pouvoir éviter de ressortir. Je me rends au gite communal, ouvert, je fais la connaissance des deux ouvriers qui sont déjà installés. Le Maire m’avait prévenu la veille. En revanche, pas de trace de la boite à clés où j’étais sensé trouver de quoi ouvrir le gite. Heureusement que je suis arrivé à cette heure-là et que mes deux compagnons de chambrée se trouvaient là pour déjeuner, sinon j’étais bon pour attendre le soir.
Je prends un grand verre avec eux en discutant un peu avant qu’ils ne repartent bosser sur un chantier à côté. Ensuite douche et immédiatement, je m’occupe de réserver les hébergements pour les jours à venir. Ça me prend une bonne partie de l’après-midi mais bon je pourrais dormir au moins jusqu’après Aurillac. J’enchaîne sur une bonne petite sieste et me voilà réveillé par le maire qui vient chercher son loyer de la nuit. Très gentil, il me donne quelques conseils sur les points d’intérêt sur l’étape de demain et me donne les consignes pour la clé. Au passage, il m’indique où se trouve la boite… en hauteur bien sûr, il fallait lever un peu la tête…
Il est presque 19h, je prépare et avale mon diner et retourne me coucher après avoir appelé mon petit garçon pour lui souhaiter son anniversaire… eh oui c’est bien aujourd’hui !
Demain je ne vais pas me jeter hors du lit aux aurores, l’étape est courte. Cependant, comme une grosse journée de chaleur est prévue, je vais m’arranger pour ne marcher que le matin.
En attendant, bonne nuit à tous et à demain…
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